Le secrétaire d’État Antony Blinken est arrivé lundi au Qatar pour exprimer sa gratitude pour son aide au départ chaotique des États-Unis d’Afghanistan alors que le petit pays du golfe Persique apparaît comme la plaque tournante des efforts continus pour évacuer les citoyens américains et leurs alliés afghans laissés pour compte sous le régime taliban.
Le personnel de l’ambassade américaine en Afghanistan a déménagé la semaine dernière à Doha, au Qatar, après les derniers vols américains au départ de Kaboul.
Blinken a échangé des coups de poignet avec des dignitaires alors qu’il débarquait de son jet gouvernemental au Qatar – avant le dîner avec l’émir qatari Cheikh Tamim bin Hamad al Thani.
Le département d’État a déclaré lundi avoir aidé quatre Américains à fuir l’Afghanistan par voie terrestre depuis la semaine dernière, mais le département a également été accusé d’avoir entravé les efforts des citoyens américains cherchant à quitter l’Afghanistan par avion.
Le représentant Michael McCaul (R-Texas) a déclaré dimanche que les talibans détenaient en otages six avions transportant des Américains et des réfugiés afghans dans un aéroport du nord de l’Afghanistan – mais les organisateurs des vols ont déclaré lundi que les avions, que 19 Américains devraient à bord, sont en fait retenus par le Département d’État, qui n’a pas accordé l’autorisation d’atterrir au Qatar en raison de préoccupations concernant les listes de passagers.
Un retrait qui ne s’est pas passé comme prévu
Blinken est sous le feu des républicains du Congrès pour son rôle dans le retrait chaotique des troupes américaines, des civils américains et des Afghans qui travaillaient pour l’armée américaine. La mission a laissé derrière elle des centaines de citoyens américains et des milliers d’Afghans qui travaillaient pour le gouvernement américain, malgré l’insistance préalable du président Biden pour que les troupes américaines restent jusqu’à ce que tous les Américains qui voulaient partir soient aidés à le faire.
Lors d’une conférence de presse bipartite sur les évacuations en cours en Afghanistan, au Capitole des États-Unis, le représentant Michael McCaul (R-TX), a exhorté le président Biden à continuer d’évacuer tous les Américains et ceux avec des visas d’immigrant spéciaux. Un devoir déclicat puisque, les talibans détenaient en otages six avions transportant des Américains et des réfugiés afghans.
Une tournée de remerciement
Le secrétaire à la Défense Lloyd Austin est sur les talons de Blinken. Il a également quitté les États-Unis dimanche pour son rôle dans ce que l’administration Biden a qualifié de tournée de remerciement. Austin devrait se rendre au Qatar, à Bahreïn, au Koweït et en Arabie saoudite.
Le Qatar abrite la grande base aérienne d’Al Udeid contrôlée par l’armée américaine, qui a été utilisée comme site d’hébergement initial pour bon nombre des dizaines de milliers de personnes évacuées d’Afghanistan dans les derniers jours de l’intervention américaine.
Le Qatar a également accueilli les représentants des talibans pendant des années dans le cadre de l’échec des négociations de paix.
Doha entretient toujours des relations plus tendues avec ses voisins du golf persique
Le petit mais riche royaume s’est heurté à ses voisins alliés des États-Unis, dont l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui ont imposé un blocus de près de quatre ans à partir de 2017, obligeant le Qatar à s’appuyer sur l’espace aérien iranien pour les vols.
Le gouvernement qatari a entretenu des relations amicales avec les Frères musulmans, que ses monarchies voisines considèrent comme une menace, et a financé davantage d’islamistes purs et durs dans les guerres civiles en Libye et en Syrie.
L’Arabie saoudite et ses alliés ont lancé le siège du Qatar en juin 2017 et émis 17 demandes, notamment la fermeture du réseau d’information Al Jazeera et la dégradation des relations avec la Turquie et l’Iran. Le combat s’est terminé en janvier sous la médiation du gendre du président Donald Trump, Jared Kushner.
Le refroidissement des relations avec les Saoudiens
À son retour à Washington, Blinken s’arrêtera à la base aérienne de Ramstein en Allemagne, qui aide à traiter les évacués d’Afghanistan.
Le voyage d’Austin en Arabie saoudite sera largement suivi car l’administration Biden a refroidi les relations avec les Saoudiens. Biden a retiré le soutien américain à l’intervention saoudienne dans la guerre civile au Yémen et a autorisé des sanctions contre les Saoudiens soupçonnés d’être impliqués dans le meurtre en 2018 du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi. Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, dont les agences d’espionnage américaines auraient conclu qu’il avait ordonné la mission, n’a pas été sanctionné par Biden.